La petite vadrouille
mars 18, 2012
La porte s’est ouverte sur une pièce oubliée. Quelque part à mi-chemin entre l’Yonne et le Loiret, une ferme calfeutrée dans les sous-bois, là où les chênes se portent comme des charmes. Nous avons passé la porte, poussiéreuse, au fond d’un hangar investi de tuiles, de briques, de poutres, de paille et de gravats. Au fond, derrière une gigantesque charrette âgée de plus d’un siècle, une porte discrète attira notre attention. Nous avons poussé le décor et, délicatement, tourné la poignée.
Le fils des anciens propriétaires nous a confirmé que cette pièce n’avait sans doute pas été visitée depuis 1953. Figée. Intacte. Le temps l’avait épargnée, cachée derrière des années et des années de labeur. On sait parfois comment des espaces se laissent ignorer ; progressivement il devient un fait acquis que « oh ici c’est une petite pièce dans laquelle on ne va jamais… ». Jamais. Presque soixante ans plus tard, nous rentrons dans le décor qui n’a pas bougé. On dirait qu’un expert Hollywoodien a passé plus de six mois pour reconstituer l’esprit des années 50 et qu’il y est parvenu, le bougre. J’entends sonner la cloche du village. J’imagine Bourvil. Fernandel. Des vieux vélos. Une traction avant.
Les étagères, des bouteilles vides, quelques outils et le silence éternel.
Un instant perché dans la mémoire.
J’aimerais rester, là, au coeur d’une nostalgie qui n’est pas la mienne mais que je ressens au fond de mes tripes.
Nous refermons la porte et reprenons le cours de l’histoire…
4 commentaires
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J’y ajoute Jacques Tati, Jour de fête ;-))))
Super bien faites les toiles d’araignées !! Très réalistes !
superbe photo, surtout lorsqu’on est friands de clairs-obscurs on se croirait chez Caravage !!
et le texte aussi est très beau… aussi poétique que cette découverte !
bel article dans CLES !! Pas trop vu la phase de desintox, pour le moment …