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Le syndrome du Caméléon

mai 25, 2012
ImageJe vois un film, je me dis que je voudrais l’avoir réalisé. Je lis un livre, je rêve de l’avoir écrit. J’entends parler d’une start-up qui a levé 20 millions, je me dis que j’aurais bien levé 20 millions. Une appli très drôle sort du bois, je me dis que je créerais bien une appli ludique. Je butine des vies possibles, m’imagine en écrivain, entrepreneur, comédien, moine, philosophe, ébéniste, reporter, ministre, footballeur, astronaute. Comme si j’avais 10 ans. Qu’est-ce que tu feras plus tard ? J’ai l’impression de me poser la question tous les jours, et que cela durera jusqu’au bout. Curieusement, et heureusement, je n’envie personne, mais j’envie l’expérience, l’aventure que cela doit être, les émotions que cela procure certainement. Un petit soupir d’admiration et de nostalgie (sans doute d’un temps où tout était possible), comme la conscience qu’on ne peut pas tout vivre, que le temps est limité, les compétences aussi, le talent, la patience, le réseau, les opportunités. Certains savent qui ils sont très tôt, se tiennent à cette idée, se spécialisent, peaufinent, creusent leur sillon et deviennent experts, souvent heureux (mais rien ne le garantit), solides. D’autres, et je sais que je ne suis pas le seul, tentent, essaient, picorent, explorent, se réjouissant chaque jour de cette extrême liberté tout en observant du coin de l’oeil ces vies possibles et qui ne seront jamais les leurs. Pas facile de poser son sac, de faire ce choix ultime, de décider une bonne fois pour toutes que « c’est ça que je dois faire ». Ceci étant dit, je me réjouis chaque jour du voyage réalisé : le chemin qu’on parcourt est sans doute aussi riche que la destination (et réciproquement ?). Dans mon sac à dos, j’ai un crayon et une caméra, les deux outils de ma vie. Le texte et l’image. Je ne choisis pas, je laisse opérer la cohabitation. Les mots, les plans, les déguisements, le jeu. Je crée des histoires et des personnages, des situations qui surviennent parce que je l’ai décidé. Je crée les vies que je ne pourrai pas vivre.
Doit-on vraiment choisir qui l’on est ? Vous avez deux heures.
5 commentaires leave one →
  1. mai 25, 2012 11:17

    on choisit rien du tout, tout est précablé.
    Heureusement on ne le sait pas.

  2. mai 25, 2012 11:38

    Lorsque je lis un article de blog qui me plait, je rêve de l’avoir écrit 😉
    Vraiment, je me retrouve complètement, merci !
    J’adore butiner, comme toi, comme beaucoup. Mais tu fais partie des butineurs qui passent à l’action, qui réalisent leurs envies. Et ça, c’est beaucoup plus rare…
    Combien de personnes rêvent d’être quelqu’un d’autre mais ne tentent pas ?
    Mieux vaut être un cameleon qu’un « would be quelqu’un d’autre » 🙂

  3. mai 25, 2012 8:00

    Cosmique elle disait. Elle avait raison.

  4. raphael raphael permalink
    mai 26, 2012 12:39

    … et puis, sournoisement, s’installe le temps du plus le temps …

  5. septembre 28, 2012 7:53

    Pour rebondir sur ce que dit plus haut jcfrog, que tout est « précablé », je crois exactement l’inverse à savoir que notre liberté est totale. D’où l’angoisse de Vinvin devant le champ des possibles. Paradoxalement, l’angoisse devant sa liberté est la gage de sa réussite car il n’aura de cesse de la calmer en agissant. Certains n’ont pas une conscience aussi aiguë de leur liberté, disons qu’ils sont pépéres. C’est bien aussi.

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