Le foot depuis tout petit…
Depuis tout petit. Rien ne m’y prédestinait. Mon père n’était pas particulièrement impliqué, ma mère non plus.
J’ai tapoté le ballon très tôt, un ballon en plastique de toutes les couleurs qui partait à vingt kilomètres, dans le vent, d’un bon coup de Kickers à pastille rouge ou verte. À la petite école, j’étais toujours partant pour un match. Au collège, il y avait des championnats inter classes. Les places étaient chères pour faire partie de l’équipe. Nous jouions sur des terrains de hand, il n’y avait donc que cinq joueurs de champ et un gardien. Cinq joueurs sur trente élèves, c’était chaud. De la sixième à la quatrième, j’ai tutoyé l’équipe première en de rares occasions, souvent remplaçant, à n’importe quel poste. Puis un jour, le déclic. Je crois que c’était en troisième, une reprise de volée sortie de nulle part, le genre de but qu’on ne voit qu’à la télé et qu’on est bien en peine de reproduire sur commande. Un but de légende, comme on en marque dans ses rêves en finale contre Liverpool, l’Ajax ou le Brésil. Je n’ai jamais plus quitté l’équipe première jusqu’à la Terminale. Après cela, jusqu’à aujourd’hui, j’ai intégré quelques équipes, des championnats d’entreprise, des groupes d’amis du dimanche, et maintenant du lundi. Tout en jouant, j’ai suivi les matchs, les équipes, d’abord fan de Bordeaux (par attachement à St-Jean-de-Luz, allez comprendre), puis de Monaco (pour le maillot qui me rappelait l’Ajax) et enfin le PSG, par devoir. Quant à l’équipe de France, elle m’a causé mes premières et dernières larmes télévisuelles un jour de demi-finales à Séville en 1982. Ce jour-là, j’étais avec mon père dans la salle TV de l’hôtel où nous étions en vacances sur la Costa Brava. Dans la salle, 99% d’allemands et nous deux. À la fin, nous sommes remontés dans la chambre et j’ai pleuré, mon père m’a consolé, je m’en souviens comme si c’était maintenant. Je kiffe le foot pour mille raisons qui tiennent à l’émotion, à l’esthétique, au suspense, au groupe, aux couleurs des maillots, à l’odeur du ballon, à la lucarne opposée, aux injustices, au fait que tant de gens le détestent.
Ce soir et tous les soirs jusqu’à la finale le 1er Juillet, je serai sur Europe 1 aux côtés de Guy Roux et de toute la bande de Laurent Guimier, pour commenter et s’amuser de ce sport qui nous procure tant de petites et pourtant magnifiques émotions. Je n’y serai pas en spécialiste, juste en amoureux de mauvaise foi. Si mon père voyait ça, il rigolerait bien je crois… Et moi je surkiffe.
Super post… Eclate toi bien !
Beau texte. En résumé on peut dire que le football, c’est l’enfance. C ‘est ce que tu dis très bien. J’ai deux ans de plus que toi et en 1982, devant la télé, je n’ai pas pleuré ; c’était trop dur, trop violent, trop irréel pour je que j’arrive à lâcher des larmes. Cette coupe du monde et la suivante passées devant la télé (en 1986, au lieu de réviser mon bac), furent pour moi des grands moments de bonheur – et les derniers que m’ont prodigués le ballon. C’était la fin d’une époque et le basculement définitif dans la décadence marchande. La fin aussi des champions dignes de ce nom : Platini, Cruyff, Rocheteau… Les seuls instants ou la magie du foot revient sans crier gare, c’est lorsque je surprend un match amateur sur le bord d’une route, dans un village, sur un terrain vague, ou lorsque je passe le ballon à un gamin. Voilà, sinon gracias pour tout ce que tu fais. Tes tweets, tes vidéos qui me font souvent rire aux larmes. On ne se connaît pas personnellement, mais je signe amicalement. Alexis